Fils cadet d'une famille noble d'Utrecht qui jouait un rôle de premier plan dans la vie politique, administrative et culturelle de la région, Henric Adriaen van Reede tot Draakestein a grandi dans un entourage où prédominaient la diplomatie, les affaires maritimes, la colonisation, l'armée, l'architecture, et en fait assez peu les disciplines scientifiques.
En raison de la mort prématurée de ses parents, il ne fit pas d'études scientifiques et quitta la Hollande à l'âge de 14 ans. En 1656, il entra au service de la Compagnie hollandaise des Indes orientales pour y entamer une carrière d'une trentaine d'années qui l'amena à naviguer et à administrer plusieurs territoires coloniaux. Simple aspirant de marine au départ, il devint en 1684 le tout puissant commissaire général des territoires de l'Asie de l'Ouest. Formidable guerrier, fin négociateur, administrateur autoritaire, c'était aussi un rapporteur prolifique de la politique et des faits coloniaux.
Lors de ses séjours au Cap de Bonne Espérance et à Batavia en 1657 Reede tot Draakestein fut vivement impressionné par la nature tropicale. Il prit part de 1658 à 1663 à la conquête de Ceylan et de Malabar (actuel état de Kerala dans l'Ouest de l'Inde), territoires alors occupés par les Portugais. En 1670 il est gouverneur de Malabar et fait faire l'Hortus Malabaricus.
Reede tot Draakestein, avant d'être un amateur de botanique, était d'abord au service de la Compagnie de Indes et se trouvait en accord avec la politique commerciale de celle-ci quant à la recherche et la collecte de médicaments et de plantes utiles. L'essor de la botanique hollandaise aux 17èm et 18ème siècles est grandement dû aux activités commerciales de ces compagnies dont les profits permirent de financer les activités botaniques et les bateaux de rapporter des plantes exotiques inconnues.
L'Hortus Malabaricus devait sa réputation à sa taille volumineuse (12 volumes publiés de 1673 à 1703), la qualité de ses gravures et de ses descriptions détaillées, les rêves d'aventures qu'il inspirait (cf. introduction du volume 3), mais il était surtout l'une des principales sources de Linné pour la flore tropicale asiatique.
L'Hortus Malabaricus décrit 740 plantes de Cap Comorin à Callicut, recouvrant en gros une région de 30 x 400 km et peut être considéré comme la première publication sur la flore d'un district asiatique défini.